Mon jardin, planté en 2004, est ma première création. Il a pris forme très vite, sans plan, juste à l’instinct. Tout s’est articulé autour du grand Moaï ( ou grand « Tiki »), un décor de cinéma abandonné au fond d’une grange. Taillé dans le polystyrène, il s’inspire des statues de l’île de Pâques. Il est la colonne vertébrale du jardin qu’il protège du haut de ses quatre mètres. Si le grand Moaï a donné sa couleur exotique au jardin, ce sont surtout mes voyages en Indonésie qui ont guidés mon sécateur.
Les jardins indonésiens, souvent de petites dimensions, sont des patios clos de murs qui prennent la fonction de pièces à vivre extérieures et qui, lorsqu’ils sont multiples et contigus, forment un habitat typique désigné par le mot malais « kampung ». Le jardin de Bali ne serait pas cette belle figuration de l’idéal sans son ingrédient essentiel: l’eau. Le murmure cristallin de la cascade couvre les bruits parasites de la ville, surtout celui du trafic automobile. Le bassin accueille des habitants aussi fascinants que sympathiques : les carpes koï donnent de la vie et du sens à ce lieu, tout comme les grenouilles qui ont colonisé les berges. Enfin, c’est le choix des végétaux qui achève de donner l’esprit résolument tropical. Nous avons privilégié une palette de plantes à larges feuilles : palmiers, cycadées, gingembres, des acclimatés, qui offrent tous une riche apparence et semblent encore plus démesurés dans ce cadre exigüe.
J’ai eu eu la chance de cotoyer, l’espace d’un voyage, le paysagiste Made Wijaya aujourd’hui disparu, maître incontesté des jardins tropicaux en Asie, dont les créations brillent par des accents poétiques et romantiques.